Hypersensibles = hyperfragiles ?

hypersensibilité

Est-ce que tu vois l’hypersensibilité comme une force ou comme une faiblesse, PRENOM ? 

Quand je demande autour de moi aux personnes qui se définissent comme telles, c’est un 50/50. Je veux dire par là que je sens un décalage entre la réponse qui est donnée et le ton sur lequel elle est donnée. 

Si j’écoute les mots eux-mêmes, c’est génial d’être hypersensible. C’est une super force, ça permet d’être plus connecté aux autres, de ressentir davantage de choses, bla bla bla.

Mais quand j’observe le langage corporel de la personne, j’ai l’impression qu’elle dit ces choses sans trop y croire, comme si elle cherchait à se convaincre elle-même. 

C’est en coaching que les croyances profondes ressortent. Et là, effectivement, c’est une autre histoire. L’hypersensibilité est vue comme un problème, presque comme un handicap.

N’importe quel être humain connaît les ruminations excessives, les yoyos émotionnels, le système nerveux qui s’active à la moindre menace - c’est l’apanage d’avoir un corps. Chez les personnes hypersensibles, ces phénomènes semblent décuplés. 

En creusant, on s’aperçoit que ce n’est pas juste une question de conséquences pratiques (comme le besoin de s’isoler pour « récupérer » ou la nécessité de poser des limites claires pour préserver son énergie). C’est aussi une question de self-concept, c’est-à-dire, la façon dont on se perçoit. 

Ce que tu te dis de toi pas juste sur toi en tant que personne, mais toi en tant que membre d’un groupe identitaire, influe énormément sur ta vie, sur tes choix, sur la façon dont tu te positionnes en société ou encore sur les projets que tu entreprends. Par exemple, si tu as l’impression d’appartenir à un groupe moins favorisé par les critères sociétaux actuels (par ex : « je n’ai pas fait les bonnes écoles » ou « je n’ai pas le bon réseau »), tu auras plus de difficultés à accéder à un sentiment de confiance en soi 

C’est ça le pouvoir du self-concept. 

Dans notre société imparfaite, l’émotivité et la sensibilité sont associées à une forme de fragilité. Les messages dont nous sommes bombardés depuis l’enfance donnent l’impression que la moindre expression d’émotion est une faiblesse : « arrête de te plaindre ! », « prends sur toi, poker face », « ce n’est pas si grave, allez ». 

La conséquence sur ton self-concept, c’est que tu commences à te voir toi-même comme plus fragile et moins capable. Avec de telles croyances, tu auras tendance à minimiser les risques et à prendre des décisions de préservation. Tu préféreras rester dans une situation peu confortable mais relativement stable, plutôt que de t’exposer à l’inconnu. Tu balanceras pendant des mois, voire des années, avant d’enclencher une démarche de changement.

Ce n’est pas une question d’émotions au final, mais du sens que tu y donnes, et de la réaction que tu y apportes