L'intolérance au succès après une promotion

carrière perfectionnisme

Tu as tenté ta chance sans trop y croire puis, surprise ! Tu l’as eu ! Tu as eu le job, la promotion, le contrat, la subvention que tu voulais…

Sauf qu’au lieu de te réjouir, tu sens la panique t’envahir. Panique causée par un bombardement de pensées anxiogènes : 

"Serais-je à la hauteur des attentes ?"

"Est-ce que je n’ai pas fait une connerie ?" 

"Est-ce vraiment ce que je veux ? (un classique…)"

"Ils vont se rendre compte que j’ai bluffé et que je suis incompétent.e…" 

"Que faire de cet autre projet sur lequel je me suis déjà engagé.e ?"

Ça me rappelle quand j’ai signé mon premier « gros » contrat en tant que productrice (ce que je faisais avant de devenir coach). À la fois j’étais ravie, un deal à plus de 50 000, tu imagines ? 😜 Et en même temps, je me suis dit « M****, maintenant il va falloir livrer le truc que j’ai vendu !! 😱 »

La bonne nouvelle là-dedans, c’est que tu peux obtenir ce que tu veux même si tu n’y crois pas à 100%. Du moment que tu entreprends les actions nécessaires (comme de postuler, d’envoyer ta proposition commerciale ou de faire un dossier). 

L’autre nouvelle, c’est que quand tes circonstances (extérieures) et ton self-concept (intérieur) ne matchent pas, cela crée une tension propice aux schémas d’autosabotage. 

Quand ton self-concept n’était pas prêt à accueillir un upgrade conséquent de tes circonstances, on parle d’intolérance au succès. 

Elle peut nous conduire à prendre des décisions irrationnelles comme de refuser le fameux job en or, sous prétexte qu’on ne se sent « pas prêt » ou pas à la hauteur. 

Quand j’avais 25-26 ans, j’écrivais de la fiction et un de mes manuscrits a été accepté par un éditeur, sous réserve de quelques changements. Eh bien j’ai refusé de les faire car « ce roman n’est de toute façon pas assez bon, même si je fais des retouches, il ne mérite pas d’être publié… » 🫣

Il peut aussi y avoir un changement soudain dans notre comportement. 

Nous nous renfermons sur nous-mêmes. Nous ne supportons plus les gens qui se réjouissent de notre nouvelle (ou les gens tout court). Nos émotions négatives - reflets de nos peurs - sont exacerbées : crises d’angoisse, forte irritabilité, parano, voire épisodes dépressifs. 

Une autre manifestation de l’intolérance au succès, c’est d’accepter le job, la promotion, l’opportunité, mais en traînant des pieds. 

On donne l’impression qu’on n’a pas vraiment envie d’être là. Quand un obstacle se présente, on botte en touche comme si on n’avait pas les compétences pour le résoudre. Et quand on nous demande de prendre le lead, on devient super passifs, à attendre qu’on nous dise quoi faire. 

Si ça te parle, pas de doute, c’est l’intolérance au succès… 

Mais qu’est-ce que c’est vraiment ?

Ce n’est pas réellement un dégoût des bonnes choses. C’est surtout une peur de l’échec

Car qu’est-ce qui est pire que de ne jamais avoir ce que tu veux ? C’est de l’obtenir, d’y prendre goût puis de le perdre… et par sa propre faute (ou « incompétence ») en plus. 

L’autre nom de l’intolérance au succès, c’est le syndrome de l’imposteur.

Il est rare en effet qu’on se sente illégitime à un poste qu’on occupe depuis des années… C’est quand on fait une montée en compétence ou un changement de carrière qu’il se manifeste. 

Voici comment j’aide mes client.e.s à l’appréhender. 

On commence par normaliser le phénomène. 

Tout changement, même positif, est source de stress. Y compris si ça faisait des années que tu l’attendais. C’est une nouvelle donne qui rebat les paramètres, qui rend obsolète les routines qu’on avait développées. Il faut reconstruire ses repères, parfois se refaire un réseau, recréer de nouvelles habitudes, etc. C’est énergivore et potentiellement anxiogène quand on a une faible tolérance à l’instabilité. 

Pareil pour le syndrome de l’imposteur. C’est OK de se sentir largué.e, démuni.e ou angoissé.e au début. 

On examine ce qu'il révèle en toi.

Les croyances limitantes, les projections, les conditionnements, les peurs paniques... Il n'y a rien qui résiste à un examen logique de tes pensées. Soit tu vas te rendre compte que tes émotions sont basées sur des erreurs cognitives. Soit tu vas découvrir les champs sur lesquels travailler. 

Ce qui nous amène à la dernière étape :

On décide de ce qu'on veut en faire.

Ce qui est déterminant pour la suite, c’est comment tu réponds au sentiment d’incompétence. Il  peut te paralyser. « Je me sens incompétent.e … donc je dois l’être, puisque mes émotions me disent la « vérité » sur qui je suis » (Faux ! Tes émotions te disent seulement comment tu interprètes ta réalité.)

Il peut aussi te motiver et te guider « Je ne me sens pas complètement compétent.e sur ce sujet, je vais me former ou me faire aider là-dessus ».

Il y a des choses que tu ne peux pas contrôler (comme ton stress ou ton anxiété…) mais tu peux choisir la réponse que tu souhaites y apporter. Et c’est ton self-concept qui va faire la différence.