Quand tu te sabordes par impatience

carrière entrepreneuriat

La plupart des projets d’envergure prennent du temps.

Qu’il s’agisse d’une transformation personnelle (comme de changer une habitude, déprogrammer une croyance, guérir d’une blessure…) ou bien d’un projet professionnel (changer de job, lancer un business, produire un film), il y aura une alternance de sprints et de temps morts. 

Les sprints, c’est quand notre capacité d’action est mobilisée à plein régime.

Il se passe plein de choses. Nous arrivons à déplacer des montagnes en un court laps de temps. Nous nous sentons productifs, nous voyons les progrès concrets (ce qui nous procure une certaine satisfaction). 

Mais arrive toujours un moment où on doit baisser la cadence. 

Parce qu’on est épuisé.e., 

Parce que les sujets qu’on a temporairement délaissés se rappellent à nous avec urgence,

Ou tout simplement parce qu’on a fait tout ce qu’on avait à faire et maintenant, il faut attendre. Des retours de mail, des rendez-vous décisifs mais lointains, des réponses à des candidatures, des livrables de la part d’autres personnes, etc. 

Ces « temps morts » où on te dit qu’il faut « juste » être patient.e sont inévitables mais ils sont parfois mal vécus. 

L’impatience est une émotion particulièrement désagréable à accueillir, je trouve. C’est comme une démangeaison insupportable qui nous fait bouillir de l’intérieur. 

On n’a qu’une envie : décharger la frustration en faisant quelque chose, n’importe quoi plutôt que de rester là à ne rien faire. 

Et c’est souvent à ce moment qu’on se saborde. 

Quand nous agissons de façon impulsive, guidés par une émotion pressante plus qu’une véritable stratégie, nous compromettons le projet qui nous tient tant à coeur.

  •  En sautant des étapes et en négligeant des « détails » cruciaux (comme de lire les petits caractères avant de signer un contrat…)…
  •  En dépensant l’argent qui n’est pas encore arrivé sur notre compte en se disant que « ça va le faire »…
  •  En changeant constamment quelque chose avant d'avoir obtenu le résultat escompté, parce que tu as l'impression que ça ne marche pas (si, si, ça marche, il faut juste continuer !)
  •  En te remettant au travail à fond avant de t'être vraiment remis de ta blessure, du burnout, ou de la déception, survenus juste avant…
  •  En négligeant d'anticiper les difficultés : tu as peur qu'en pensant aux problèmes qui pourraient se présenter, tu vas les "attirer". Mais c'est l'inverse qui se produit car tu les résous à l'avance

Si j’en parle si bien, c’est que l’impatience est un de mes principaux défauts...

Je dirais que 80% des erreurs que j’ai commises, des étourderies que j’ai faites et des décisions que j’ai regrettées, je les impute à mon impatience légendaire. Donc crois-moi, je comprends complètement ta frustration que ça n’aille pas plus vite.

Pourtant, il va falloir museler ce petit démon qui te murmure à l’oreille « Vas-y ! envoie ce texto ! achète ce produit ! propose ces dates ! » quand ce n’est pas le moment.

Voici comment je gère mon impatience et comment je coache mes client.e.s.

Sens-toi libre de t’inspirer de mon process 😉  

Je ressens l’émotion

L’impatience (ou l’excitation ou la frustration) est une vibration passagère dans le corps. Quand on l’accueille en pleine conscience, elle dure entre quelques secondes et quelques minutes. Ressentir de l’impatience n’est pas un problème si derrière nous maintenons le cap qu’on s’est fixé.

Je l’aborde avec curiosité

Toute émotion est un signal en réponse à une croyance, une pensée, une peur qui se balade dans notre système (souvent en mode inconscient). Demande-toi « pourquoi tant d’impatience ? » « qu’est-ce que tu imagines sera si différent / mieux quand tu auras atteint ton objectif ? » Parfois, c’est parce qu’on s’imagine que notre vie sera radicalement meilleure, alors on veut y être le plus vite possible. C’est l’occasion de se rappeler, avec tendresse, que la vie sera toujours un 50/50 et « là-bas » ne sera pas « mieux » qu’ici, juste différent. 

Je me rappelle pourquoi c’est important d’attendre

Une fois l’émotion retombée, je retrouve mon esprit logique. C’est le moment de réaffirmer ma décision. Voilà pourquoi il est important d’attendre. Voilà pourquoi j’ai décidé de ne rien faire - même si ça me démange. Et je me le réexplique, comme à un enfant, c’est-à-dire avec patience (!!), même si j’ai déjà vu et revu la question. 

Je questionne mes attentes

Notre notion du temps est totalement relative et conditionnée par nos attentes. Quand tu te dis que « Ça devrait être plus rapide », « Je devrais déjà y être », c’est uniquement parce que tu as une deadline en tête, fixée de façon arbitraire et déconnectée de ta réalité. Imagine qu’on te dise d’emblée que ce truc que tu pensais avoir torché en deux jours allait te prendre 3 semaines. Tu ne serais pas choqué.e si au bout de 15 jours, ce n’est pas terminé. Si tu ressens autant d’impatience, c’est juste parce que tu as sous-estimé le temps de « trajet ».

Je m’occupe autrement

J’aime travailler sur un seul sujet à la fois. Cela améliore mon focus et produit des résultats plus intéressants (je trouve). Mais quand j’ai épuisé ma capacité d’agir sur un sujet et qu’il ne reste plus qu’à attendre, j’en profite pour avancer sur d’autres projets qui étaient en stand-by. Ou bien pour faire les tâches de fond (comme de classer mes dossiers, refaire des templates, changer de fournisseur etc.) que je mets toujours à plus tard car c’est rarement une priorité. Ah oui et partir en weekend est aussi façon de t’occuper 😉

Pour faire court, l’antidote à l’impatience, c’est l’anticipation. 

L’anticipation des temps morts : oui, il y en aura plusieurs. Prévois d’autres choses à faire pendant ces phases creuses. 

L’anticipation de délais longs : jugule ton impatience à la source en te disant que ça va prendre plus de temps que tu ne le voudrais. Sans doute deux fois, voire trois fois plus (comme un budget de rénovation 🤣). Et tu auras peut-être la bonne surprise que ça se concrétise plus tôt.

L’anticipation de l’impatience elle-même : pendant la réalisation de ton projet, tu vas traverser plusieurs états émotionnels allant de l’excitation au découragement en passant par l’incrédulité ou l’impatience. C’est ok. « Nothing has gone wrong », tu es un être humain.