Réparer avant de partir

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Voilà le dilemme : d’un côté, tu ne te sens plus assez bien pour te projeter encore longtemps dans la situation où tu te trouves. De l’autre, ça ne se passe pas encore suffisamment mal pour que tu aies entrepris des mesures de départ.

Résultat : pas grand chose ne bouge, à part ta frustration qui grandit.

Parce que du moment que tu ne te projettes plus, ton travail (ou ta relation) cesse d’être enthousiasmante.

La démotivation grandit, et le mal-être s’installe. Il y a des jours où, après une énième altercation, tu fumes de rage et te promets de bientôt te casser. Puis l’émotion redescend, et, telle une gueule de bois de « lucidité », tu te rends compte que tu n’as nulle part où aller et que « ce n’est pas très grave de toute façon », et qu’il faut juste que tu y mettes du tien. 

Si c’est ton cas, j’ai quelque chose à te proposer.

 

Et si la première étape de ton changement, c’était de réparer ce qui est réparable ? 

Cela implique de prendre l’entière responsabilité NON PAS de la situation (qui est générée par de multiples facteurs, dont certains échappent à ta volonté) mais de TON EXPÉRIENCE émotionnelle dans cette situation. 

Cela ne veut pas dire

  • te suradapter
  • t’interdire toute émotion négative (tu as le droit d’en avoir ras-la-casquette !)
  • ou te gaslighter (en mode « tu te fais des idées, c’est toi le problème » 🙅‍♀️)

C’est de te concentrer sur ce qui dépend de toi.

 

Que tu partes ou que tu restes, réparer ce qui est réparable est la meilleure base possible du changement. 

Pourquoi donc ? 

Quand tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir pour améliorer les choses - et que malgré tes meilleurs efforts, ça n’a rien changé, tu pars l’esprit tranquille, en somme. Tu n’es pas assailli.e de doutes a posteriori « Et si j’avais fait ça ? Et si j’avais essayé ça ? ». Ton départ cesse d’être une perspective anxiogène, cela devient la next step logique. 

Faire ce travail, de te plonger dans le ou les problèmes, et voir comment tu pourrais les résoudre, te permet aussi de tirer des leçons précieuses pour l’avenir. Cela t’évite de reproduire le schéma de fuite en avant, où tu emportes les causes internes avec toi et les mêmes problèmes réapparaissent à nouveau, ailleurs. 

Attention, je précise : quand tu es dans une situation toxique, fuir est la chose à faire pour se sauver. Le schéma fuite auquel je fais référence suppose que tu n’es pas dans une situation toxique mais simplement inconfortable ou pénible - même si elle peut à terme devenir toxique pour toi. S’il s’agit de sauver ta peau, ne te pose pas de questions et casse-toi !

Quand tu résous la situation la plus épineuse (et donc douloureuse), il est possible que tu voies les choses sous un autre angle. Peut-être même qu’en t’impliquant dans la situation, tu vas retrouver ta motivation

C’est arrivé à une de mes clientes, qui errait dans une mission de consulting où elle ne trouvait pas sa place. Cette situation la stressait au point de grignoter sérieusement sa qualité de vie. Mais quand la fin de sa mission a été annoncée, le soulagement lui a permis de se détendre. Puisqu’il n’y avait plus d’enjeux, elle a pu choisir les champs opérationnels qui lui plaisaient. Et de bosser sur un projet plus stimulant, au point que, à quelques semaines de la fin de la mission, on lui a proposé de la reconduire. Ce qu’elle a accepté, en posant quelques conditions afin d’éviter de reproduire le même scénario.

Quand elle m’a dit ça, j’avoue que j’ai souri parce que je m’y attendais : ça arrive souvent que dès qu’on reprend la responsabilité de son expérience, la motivation revienne et même la curiosité, qui donne envie de rester un peu.

 

« Oui mais moi, je ne veux surtout pas rester dans cette boîte ! je veux me casser ! » 

 Même si ta décision de partir est prise, il est possible qu’il se passe encore quelques bons mois avant que le changement ne soit acté. Autant rendre le temps qui reste le moins pénible possible. 

J’ai ainsi une autre cliente qui a le sentiment d’avoir vraiment fait le tour du sujet et qui est prête à écrire un nouveau chapitre professionnel. Mais elle a aussi envie d’avancer sur ses projets perso d’acheter un bien notamment. Stratégiquement, elle a donc décidé de rester encore un peu. On travaille à « neutraliser » cette période pour elle, de sorte qu’elle soit la moins désagréable et la moins énergivore possible. Elle a ri quand j’ai utilisé le mot « neutraliser ». Il ne s’agit pas de faire de mal à tes collègues hein, juste de ramener tes émotions « vers plus de neutralité », où la situation t’affecte moins. 

 

Quand tu prends en charge ta propre expérience émotionnelle, tu le fais avant tout pour toi, pour te sentir mieux.

Mais les modalités de développement personnel, dont le coaching, ne doivent pas servir de cache-misère. Quand on voit que 44% des salariés en France se disent en détresse psychologique, on ne peut pas faire reposer la responsabilité uniquement sur l’individu.

Les politiques de l’entreprise, les structures collectives, sans parler de la législation, ont leur rôle à jouer.

Mais quand tu ne peux pas compter sur le soutien de ta hiérarchie, il faut bien que quelqu’un ait tes intérêts à coeur. Cette personne, c’est toi. C’est le but du coaching à mon sens : reprendre ton pouvoir de décision et de réponse (partir, faire le dos rond ou aller au combat…). Fin du paragraphe politique 😂